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« Je suis rentrée, à la nuit tombante. Ma pauvre petite fille, dont j’avais jusqu’alors trompé la faim en approchant de ses lèvres avides et desséchées un chiffon imbibé d’eau, a bu le lait avec avidité. Les gémissements douloureux que lui arrachait le besoin ont un moment cessé, elle m’a souri en me tendant ses petits bras maigres et tremblants de froid, que j’avais tant de fois en vain essayé de réchauffer de mon haleine.

« En voyant ma petite fille me sourire et se reprendre un peu à la vie, j’ai hésité à la faire mourir avec moi. Toute livide et épuisée qu’elle était, elle me paraissait encore si belle ! Mais je me suis dit : Elle doit être belle, pauvre et abandonnée, il vaut mieux