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heureux, tu ne te plaignais pas d’être méprisé… Timide et fier, tu te tenais dans les limites de ta position ; peu à peu, ta correspondance avec moi est devenue plus rare ; un grand changement s’était opéré dans ton esprit, tu me parlais avec enthousiasme de ce monde dont ton heureux instinct t’avait d’abord éloigné. À cette phase d’enivrement a succédé chez toi une réaction contraire ; tes lettres trahissaient tantôt un découragement profond, tantôt des boutades d’une noire et amère ironie sur les hommes et sur les choses, — tantôt enfin, — et cela m’avait, je te l’avoue, rassuré, — tu faisais un tendre appel à notre ancienne amitié, à nos souvenirs de collège et d’enfance. Puis notre correspondance a cessé de ta part, depuis à peu près une année, — ajouta le