Page:Sue - La Bonne aventure, Tome 2, 1851.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ces projets insensés. Aller braver ce monde arrogant, qui se croit solidaire de ce qu’il appelle le honteux outrage fait à la noblesse d’un des siens ! ah ! mon ami, tu ne sais pas ce que c’est que ces gens-là ; tu les juges d’après ta femme ; tu ignores avec quelle sanglante adresse ils manient l’ironie, et de quels traits acérés peut vous percer leur hautain persifflage. Non, non, tu ne la connais pas, mais je la connais, moi ! — s’écria Anatole Ducormier, comme si un douloureux ressentiment, contenu depuis longtemps dans son cœur, faisait enfin explosion ; puis il ajouta avec un accent de haine impossible à rendre : — Oh ! race infernale ! que d’humiliations amères ! que de mépris insolents tu m’as fait dévorer pendant quatre ans ! Oh ! que de fiel s’est amassé dans mon cœur !