Page:Sue - La Bonne aventure, Tome 1, 1851.djvu/213

Cette page a été validée par deux contributeurs.
207
la bonne aventure.

mon manchon, ou couchée sur les coussins de ma voiture, ta vie est satisfaite, et le soir tu dors paisible dans ta niche d’édredon. Heureuse ! heureuse Préciosa ! tu ne sais pas ce que c’est que de réunir en soi toutes les conditions du bonheur possibles, rang, fortune, beauté, jeunesse, indépendance, et de traîner dans l’opulence une vie morne et glacée, — non point par pruderie sauvage, mais parce que rien autour de nous ne nous plaît, et que notre orgueil de rang, notre délicatesse de nature, nos seules vertus peut-être, se soulèvent de mépris à la seule pensée de chercher l’inconnu dans un monde si au-dessous du nôtre. Mais que dis-je, heureuse ? Non, tu n’es pas heureuse, chère petite Préciosa ! De par la pureté de ton noble sang, qui remonte au temps du bon roi