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ches possibles ; et cela dans les tribus les plus éloignées ; car ton père était un de ces officiers d’élite qui inspirent à tous autant d’affection que de dévouement. Sa mort était une si grande perte pour l’armée, que, malgré la presque certitude où l’on était de sa fin héroïque, on a tâché d’en douter le plus longtemps possible. Mais enfin, il n’a plus été possible à personne, sauf à moi peut-être, de conserver l’ombre d’un doute. Mon Dieu ! ma pauvre enfant, je l’avoue ; j’ai tort, grand tort de me rattacher ainsi à un espoir insensé, c’est continuellement raviver nos chagrins. Car, lorsque je me résigne à accepter ce grand malheur comme un fait accompli, nos entretiens, nos souvenirs touchant ton pauvre père, sont sans amertume ; nous parlons de lui comme d’un ami absent, auquel nous