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et carré, à l’œil de satyre, au rire de démon, qui hante les tavernes et les tripots, boit et s’enivre, mord et déchire, frappe et tue, puis se roule et se tord au milieu des débris d’un repas grossier, en poussant un éclat de rire qui ressemble au râlement d’un chacal.

Allez, allez, jouissez de la vie ; elle est courte, vous dis-je. Donc on jouissait de la vie à bord de L’Épervier.

Il était nuit close : les fanaux qui garnissaient les bastingages répandaient une vive clarté sur le pont du navire, que Kernok avait fait garnir de tables pour fêter son heureuse capture.

Au repas succédait le divertissement. Le mousse Grain-de-Sel, après s’être frotté de goudron de la tête aux pieds, avait trouvé bon de se rouler dans un sac de plumes ; et, sorti de là, il ressemblait assez à un volatile à deux pieds et sans ailes.

Et quel plaisir de le voir gambader, tourner, sauter, danser, voltiger, enhardi par les applaudissements de l’équipage, et excité par les coups de corde que maître Zéli lui administrait de temps en temps pour entretenir sa souplesse.

Mais un drôle de corps, un plaisant, un Allemand, je crois, voulant rendre la fête complète, approcha une mèche enflammée de l’aigrette d’étoupe qui se balançait avec grâce sur le front de Grain-de-Sel…