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je comptais les minutes, les secondes, je craignais, j’espérais tour à tour, j’éprouvais enfin toutes les irritantes et délicieuses angoisses de l’amour le plus passionné…

C’est qu’aussi j’avais tant de hâte de commenter chaque mot d’Irène, pour y chercher, pour y deviner la secrète pensée de sa mère !  !… Et, quand je croyais pouvoir interpréter cette pensée d’une manière plus tendre que d’habitude, je retournais chez moi le paradis dans le cœur…

Trésors inépuisables d’un amour chaste et pur !… les sages, les athées ou les esprits forts en amour vous railleront sans doute ! Moi-même, avant mon séjour à Khios, je n’en aurais pas compris tout le charme.

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J’étais donc plus amoureux que jamais.

Madame de Fersen prenait chaque jour, par le rare assemblage de ses qualités, une grande autorité dans le monde ; la calomnie elle-même l’admirait, la louait outre mesure, afin de se donner sans doute une couleur d’impartialité qui devait rendre ses autres accusations plus dangereuses.

Mes entrevues avec Irène duraient depuis trois semaines environ.