Et d’ailleurs, un sourire, un regard que nous échangions mystérieusement dans la foule, ne me payaient-ils pas mille fois de ma réserve et de ma discrétion !
Moi surtout, qui donnerais les prévenances les plus marquées, les plus évidentes pour la plus légère faveur ignorée de tous !
Malgré les relations quotidiennes que je conservais avec madame de Fersen par l’intermédiaire d’Irène, malgré nos échanges de fleurs (car chaque jour aussi j’apportais à Irène un beau bouquet de roses que sa mère portait le soir), personne ne soupçonnait cette intimité charmante.
Pour plus de prudence, je voyais tour à tour Irène aux Tuileries, au Luxembourg, à Mousseaux ou sur les boulevards ; je ne me servais pas de mes chevaux pour aller à ces rendez-vous de crainte d’attirer l’attention.
Je m’enveloppais dans un manteau ; enfin je me plaisais à mettre autant de mystère dans ces entrevues que s’il se fut agi de madame de Fersen elle-même.
C’était une folie… mais j’attendais l’heure de voir cette enfant innocente et candide avec une impatience amoureuse, inquiète, ardente ;