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Contre l’habitude peu soigneuse de nos fermiers, la cour de cette métairie était d’une extrême propreté : les charrues, les herses, les rouleaux, peints fraîchement d’une belle couleur vert-olive, étaient symétriquement rangés sous un vaste hangar, ainsi que les harnais des chevaux de trait, ou les jougs des bœufs de labour.

Un treillage épais, coupant la cour dans toute sa longueur, la séparait en deux parties, dont l’une était abandonnée aux volatiles de toute espèce, tandis que l’autre, bien sablée d’un sable jaune comme de l’ocre, conduisait à la porte cintrée du petit manoir, de chaque côté de laquelle s’élevait un modeste massif de roses trémières et de soleils.

J’examinais avec plaisir l’intérieur de cette ferme, lorsque j’entendis, avec une incroyable surprise, les harmonieux préludes d’une voix douce et perlée.

Ces sons paraissaient sortir d’une petite fenêtre haute et étroite, située vers le milieu d’une des tourelles et extérieurement garnie d’un épais rideau de volubilis et de capucines.

Au prélude succéda un silence, et bientôt la voix chanta la romance du Saule de l’Otello de Rossini.