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— Ceux-là sont pourtant assez riches pour vous faire faire de ces excellents dîners que vous aimez tant, et dont vous vous montrez si reconnaissant, monsieur de Pommerive.

— La seule manière de prouver qu’on est reconnaissant d’un bon diner, c’est de le manger avec plaisir, — dit le cynique. — Aussi je ne me plains pas de la table de d’Aranccy : on y fait une chère de fermier-général. Le père d’Arancey a pardieu bien assez volé dans les fournitures et partout ; il a assez démoli de châteaux, assez fait de banqueroutes frauduleuses et autres, pour que son impertinent de fils puisse afficher ce luxe-là… À propos, vous savez qu’il s’appelle d’Arancey comme moi Jéroboam ! Il s’appelle tout bonnement quelque chose comme Polimard ; or, ce nom roturier a offusqué ce monsieur… et, au moyen d’une légère modification, en substituant fort adroitement d’Aran à Poli, et cey à mard, il a ainsi changé le beau nom de Polimard en d’Arancey… Il aime mieux ça… Vous me direz que ce fils de banqueroutier n’avait aucun motif pour tenir à son nom, vu qu’il n’en avait pas du tout, n’ayant pas été reconnu par le Polimard père, mort victime d’une épizootie qui désola son département… mais ce n’est pas une raison pour