j’avais voulu tuer pour n’être pas tué. Il n’y avait donc pas plus de grandeur et de noblesse dans mon action que dans la rage désespérée de l’animal aux abois qui se rue avec férocité sur l’ennemi qui l’attaque.
Puis, pour dernier argument contre moi-même, je me demandais pourquoi mou cœur se remplissait ainsi de tristesse et d’amertume. Il fallait que mon action ne fut pas complètement grande, puisque les sentiments élevés qu’elle avait éveillés dans mon âme s’effaçaient déjà pour faire place aux doutes les plus odieux sur moi et sur Falmouth.
Hélas ! la terrible conclusion de toutes ces imaginations maudites ne devait pas se faire attendre.
Maintenant que je réfléchis de sang-froid à ce cruel aveuglement, je songe que j’étais peut-être poussé à cette impitoyable analyse par une jalousie misérable que je ne m’avouais pas.
N’étant pas capable d’un dévouement semblable à celui de Falmouth, sans doute je voulais le flétrir en lui trouvant une arrière-pensée misérable.
Peut-être encore voulais-je me soustraire à une influence que je redoutais…
Je fis donc une sorte d’inventaire glacial de