pu vous engager à mener la vie que vous menez ici. La princesse surtout parait fort intriguée ; mais comme je n’en sais rien, je n’ai pu leur rien apprendre à ce sujet.
— Mon cher du Pluvier, dites-moi, avez-vous beaucoup vu M. et madame de Fersen pendant votre séjour à Constantinople ?
— Je les ai vus très-souvent, presque tous les jours ; car l’ambassade russe était une des maisons les plus agréables de tout le quartier franc. On y jouait la comédie deux fois par semaine, et mes fonctions m’empêchaient de manquer la moindre répétition.
— Vos fonctions ?
— J’étais sous-souffleur… notre premier secrétaire était naturellement premier souffleur.
— La hiérarchie le voulait sans doute ainsi… Mais, à Constantinople, que disait-on de madame de Fersen ?
— Oh ! oh ! c’est une fière femme, allez ; une Jeanne d’Arc. Elle menait l’ambassade à la baguette ; elle faisait tout. On dit même qu’elle correspondait directement avec le czar, et, pendant ce temps-là, cet excellent prince jouait les rôles de Potier. C’est qu’il y était parfait, dans les rôles de Potier !… Je lui ai vu jouer les Frères féroces : c’était à crever de rire !