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Le pilote venait de faire déployer une nouvelle voile, sans doute pour augmenter la vitesse du yacht, lorsqu’un cri d’effroi retentit à l’avant, et j’entendis ces mots : — Toute la barre à bâbord !… nous sommes sur des brisants !…

Je ne sais de quelle manière le pilote obéit à cet ordre et comment il gouverna la goélette ; mais au moment où ce cri venait d’être proféré, un choc épouvantable, suivi d’un long craquement, arrêta subitement la marche du yacht.

La commotion fut si violente que, moi, Williams et deux matelots, nous roulâmes sur le pont.

— Le yacht a touché ! — s’écria Williams en se relevant… — maudit soit le pilote !…

Ma blessure m’empêchait de me redresser avec la même agilité. J’étais encore à terre lorsque quelqu’un passa rapidement près de moi ; un corps lourd tomba à la mer, et je ne vis plus le pilote, ni au timon ni sur le pont.

Songeant à mes pressentiments, oubliant le danger que nous courions, je me relevai, et, à une portée de fusil du yacht, j’aperçus le bateau-pilote ; ses matelots ramaient vigoureusement vers un point noir entouré d’écume, que je distinguais parfois à la clarté de la lune.