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ne songeant pas à commettre une faute, je ne pouvais sérieusement penser à faire une sottise irréparable. Mais, comme M. de Cernay n’avait pas plus à se vanter de mon refus que moi de ses offres, le secret avait été jusques ici scrupuleusement gardé entre nous deux ; maintenant qu il me calomnie, ce secret n’en est plus un ; faites-en ce que vous voudrez au besoin, et citez vos sources, comme disait toujours mon vénérable ami Arthur Young. Maintenant, quant à ce voyage de Bretagne si précipité, — avait ajouté madame de Pënâfiel en riant beaucoup de ces ridicules interprétations, — vous me rappelez que ce soir-là à l’Opéra, j’ai été bien brusque envers cette pauvre Cornélie, ma demoiselle de compagnie. Je lui avais dit que le lendemain nous partions pour ma terre ; mais elle se mit à me faire mille objections sur le temps, sur le froid, etc., qui finirent par m’impatienter beaucoup, puisque je voyageais bien, moi. Or ce n’était pas absolument pour fuir ce pauvre diable de Turc que je partais ainsi, mais pour aller tout simplement voir la femme qui m’avait nourrie ; elle était à la mort, et assurait que, si elle me voyait, elle reviendrait à la vie.