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Cette idée me cause-t-elle honte, remords, regret ? — Non.

Hésité-je un instant à la pensée que Marguerite peut être instruite de cette infidélité et en ressentir un profond chagrin ? — Non.

Est-ce que j’éprouve pour madame de V* aucun sentiment noble et élevé ? — Non. C’est un désir ardent, qui me semble devoir être aussitôt éteint qu il a été promptement allumé.

Et pourtant, chose étrange ! je me le redis encore, il me semble aimer davantage Marguerite. Pourquoi cette progression de sentiment ? N’est-ce pas une illusion, un fantôme trompeur évoqué par la conscience de ma perfidie ? n’est-ce pas une excuse que je cherche en m’imposant à moi-même et peut-être à mon insu cette croyance mensongère. — Non, non, je m’écoute penser… il me semble assurément l’aimer davantage.

Singulière contradiction de l’âme ! Serait-ce donc que mon amour pour Marguerite s’augmenterait en raison de la douleur que je pressens devoir lui causer ?