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et meurent, comme le cygne dans la solitude d’un lac transparent, ignorées et sans tâches !

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Et puis, descendant de cette sphère de pensées qui rayonnaient d’un éclat si pur et si virginal, je voulais échapper aux poignants souvenirs qu’elles soulevaient en moi ! Je cherchais quelque espoir vague et lointain d’en distraire un jour mon cœur, et je songeai à l’intérêt involontaire que déjà je portais à madame de Pënâfiel. — Mais je sentis aussi que pour cette femme horriblement calomniée sans doute, mais à jamais souillée par tant d’outrages, il me serait toujours impossible d’éprouver cet amour ardent, profond et saint, dont on est fier comme d’une noble action !

Le monde, en portant une atteinte fangeuse à la réputation d’une femme, ce voile irréparable, pudique et sacré, qui se déchire d’un souffle, cette première fleur de la vie si délicate et si éthérée ; le monde, par ses accusations infâmes, flétrit non-seulement la vertu de cette femme, mais il détruit pour toujours l’avenir de son cœur ; il la prive même désormais de la triste consolation d’inspirer un amour dévoué, sincère et durable ! Il la livre presque malgré elle aux dégradants caprices des liaisons chan-