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senti un mouvement de frayeur involontaire et naturel ; alors, mettant sa main sur ses yeux, elle s’est rejetée dans le fond de sa voiture, sans proférer une parole ; voilà tout simplement l’exacte vérité.

Ici, M. de Pommerive me regarda d’un air mystérieux qu’il tâcha de rendre le plus fin qu’il lui fut possible, et me dit, en fermant à demi ses petits yeux fauves sous ses besicles d’or :

— Allons, allons, vous êtes aussi sous le charme… vous voilà amoureux… le diable m’emporte si cette marquise en fait jamais d’autres : c’est une véritable sirène.

Cela était si sot, et j’avais parlé si sérieusement, que je rougis d’impatience ; mais me contenant à cause de l’âge de M. de Pommerive, je lui dis très-sèchement :

— Monsieur, je ne vous comprends pas ; ce que je vous ai dit au sujet de madame la marquise de Pënâfiel, que je n’ai pas d’ailleurs l’honneur de connaître, est la vérité ; elle est, quant à cela, victime d’une médisance, vous devez me savoir gré de vous désabuser d’une calomnie aussi ridicule et…

À ce moment, M. de Pommerive, m’interrompant, me fit signes sur signes, et salua, tout à coup, à plusieurs reprises, et très-profondé-