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Hélène, cette communauté d’impression me frappa vivement. « C’est sans doute une émotion nerveuse, — lui dis-je, — causée par ce temps sombre et morne, » Puis nous retombâmes dans le silence.

En vérité, j’ai honte d’avouer la cause de ma tristesse ; elle était puérile, bizarre pour ne pas dire folle : ce fut le premier accès de cet insurmontable besoin d’indépendance et de solitude dont, par la suite, je ressentis souvent l’influence, même au milieu de la vie la plus étourdissante et la plus dissipée.

J’aimais Hélène à l’adoration ; chaque moment passé loin d’elle était un supplice, et cependant ce jour-là, sans aucune raison, sans dépit, Hélène ayant été pour moi bonne et affectueuse, ainsi qu’elle était toujours, par un contraste inexplicable, je me trouvais malheureux, réellement malheureux, d’être obligé de paraître le soir au salon, d’en faire les honneurs, et de répondre aux muettes tendresses d’Hélène.

Après cette journée d’un aspect si mélancolique, il m’eût été doux de rentrer seul, de pouvoir passer ma soirée à rêver, à méditer, à lire au milieu d’un profond silence un de