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femme ; aussi celle dernière demeurait-elle, sinon sans biens, du moins dans une aisance honorable, mais médiocre.

De ma vie je n’avais songé à la disproportion de fortune qui existait entre Hélène et moi : lorsque sa beauté me frappa, je n’y pensai pas davantage, car je crois qu’un des traits saillants de la jeunesse, qui se trouve riche sans labeur, est de colorer pour ainsi dire tout et tous des reflets de son prisme d’or.

Du moment où j’avais remarqué qu’Hélène était belle, sans me rendre compte des sentiments que j’éprouvais peut-être déjà à mon insu, je devins tout autre ; j’abrégeai mes promenades à cheval, je mis plus de recherche dans ma toilette, et je fus souvent honteux en me rappelant mes négligés trop fraternels d’autrefois.

Ma tante avait une femme de ses amies, veuve aussi, et mère d’une fille de l’âge d’Hélène, qui lui donnait les plus cruelles inquiétudes, sa poitrine étant gravement attaquée. J’entendis ma tante parler de cette amie, et devinant par instinct qu’il est plus facile de s’isoler au milieu du monde que dans la solitude, j’engageai ma tante à prier cette amie de venir avec sa fille habiter quelque temps à