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SUBMERSION DE LA VILLE D'IS

ÉPILOGUE

Ce lugubre récit cache une parabole.
Ce vieux Roi, c’est l’honneur que rien ne peut ternir ;
Ce Forestier, qui voit dans l’ombre une auréole,
C’est le Barde inspiré qui lit dans l’avenir.

Nous avons bien souvent vu les eaux de l’abîme
Et l’espoir ici-bas par les flots emportés ;
Mais l’âme d’un Croyant est une arche sublime
Qui sur les grandes eaux flotte en sécurité.

Nous avons vu sur nous passer plus d’un déluge,
Coulez des flots de sang sur le sol attristé,
Et la Foi rayonnait, et le Ciel, qui la juge,
De sa pourpre divine admirait la beauté.

Fière de sa clef d’or, par des flammes guidée,
Et l’éclair à son char, l’erreur brave la Foi ;
Mais qui connaît le Ciel n’a pas peur de l’idée
Et le cœur du martyr ne connaît pas l’effroi.

A la fois des Bretons si l’on creuse des tombes,
Si l’on veut dans la nuit éteindre sa clarté,
On la croit au sépulcre, elle est aux catacombes,
Où se voile un instant son immortalité.

Sous la garde du Ciel mettant l’honneur fragile,
Nous plaçons le vieux Roi sur le Temple de Dieu,
Et le vieux Roi, posé sur sa base immobile,
Comme il brava les eaux saura braver le feu.

Après la grande épreuve on vient encore nous dire
Qu’un déluge de feu pourrait brûler la Croix ;
Les flammes de l’erreur que nous savons maudire
S’arrêtent dans nos cœurs devant un mot : Je crois !

— Aux champs de l’avenir, Forestier qui chemine,
Vois-tu l’âme d’Arvor, l’âme au front consacré ?
— J’ai vu l’âme d’Arvor blanche comme l’hermine,
Rapide, elle passait ainsi qu’un feu sacré.

Vte Jules DE FRANCHEVILLE