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On est plus vrai en doutant de l’être, qu’en l’étant au service de Dieu.

Il a pu paraître à la fois ambigu et tyrannique. Tel que je le vois, moi qui, en tant d’années, ne l’ai presque jamais vu que seul à seul, il ne devait être à l’aise avec personne. Le drame de sa conscience l’obsédait. Il en a trop souffert, pour ne pas faire souffrir les autres. Il a blessé d’anciens amis qui ne le suivaient pas. Lui-même leur demandait de le suivre, sans savoir jusqu’où il irait, et jusqu’où il devait être suivi. Péguy a dû imposer sa volonté avant de bien mesurer ce qu’il voulait lui-même. Il s’assurait de soi en faisant violence aux autres. Il exigeait d’eux une adhésion parfaite, qu’il ne se donnait peut-être pas.