Page:Suarès Péguy.djvu/59

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tragiques. Qu’un livre en prose pût être le plus beau des drames, il ne l’eût pas accordé. Il est vrai qu’un de ses beaux vers vaut mieux que sa prose : mais il a beaucoup de bonne prose, et peu de beaux vers.

Pour aller au fond, je dirai de Péguy comme de nous tous, aujourd’hui, qu’il excelle surtout dans la forme qui est celle de notre temps, et notre création propre : qui n’est ni la prose ni les vers, mais plutôt l’un et l’autre.

Cette forme nouvelle, qui varie avec chaque poète, et qui en épouse si ardemment le génie, est la plus forte création de l’art français, depuis la prose du dix-septième siècle. On la voit naître dans Rousseau et dans Chateaubriand. Elle