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nitude, les alternatives de la vie sentimentale, — et d’abord les sentiments tendres. Mais il paraît les juger avec non moins d’ardeur, qu’il les sent : enfant ou homme, il applique tout ce qu’il a de réflexion aux intrigues, par où son cœur et son âme passent. Il est curieusement avide de se rendre compte de lui-même et des autres. Le goût de la vérité lui est, de bonne heure, si intime, qu’il se confond entièrement avec le goût de la justice ; et, si cette disposition est enfantine, il n’a pas cessé d’être enfant sur ce point. Il souffre, jusque dans l’âge mûr, de cette timidité ombrageuse, presque maladive, qui est comme la peau presque toujours froissée à nu, d’un amour-propre toujours blessé. Il semble n’avoir jamais été content de lui. Sa manie de raisonner l’a éloigné de tout le monde : car, dans une âme violente, raisonner c’est vouloir avoir raison. Bientôt, les autres hommes nous font l’effet de ne vivre que d’à peu près, et de n’aller au fond ni des idées, ni de ce qu’ils sentent. S’il arrive qu’on attache une valeur morale à l’examen de sa pensée, — le peu de profondeur qu’on voit à l’intelligence d’autrui, vous en dégoûte plus que ne feraient même de graves