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admirable, enfin, que le même homme ait fait voir qu’il lui a dû d’être l’un des premiers parmi les saints, après avoir été un des premiers entre les artistes.

Qu’elle est touchante la vieillesse consacrée par un grand homme à la sainteté : même débile et presque déchue, au déclin de l’intelligence, elle nous touche. Combien ne nous ravit-elle pas, quand elle est robuste, verte, riche en action, pleine d’œuvres ? Aucun homme ne fait plus honneur à l’homme que Tolstoï. Il est sublime avec simplicité : point d’effort ; c’est l’élan de sa nature qui le porte. Peut-être y en a-t-il eu de plus profonde : de plus large, de plus vaste, il n’en fut pas. Cette nature d’homme est à l’image de son pays : elle n’a ni montagnes perdues dans les nuées, ni océans en tempête, ni profonds abîmes. Mais son horizon est immense, son étendue semble infinie ; toute la terre s’y déroule d’un seul tenant ; et tout le peuple humain y trouve place, mêlé aux autres êtres vivants.

L’incertitude des pensées, ou l’entêtement dans quelques-unes, — peu de vieillards y échappent. La solidité logique est la marque de la vigueur et