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rend contre l’égoïsme. Mais c’est confondre les espèces ; car l’égoïsme est l’objet d’un jugement moral ; et le moi ne dépend que de la connaissance intellectuelle. Or, l’intelligence ne peut blâmer ce qu’elle sait être le puissant ressort de toute force pour le bien et pour le mal. Puis, l’esprit qui connaît véritablement ne condamne point. Condamner, c’est ne connaître pas.



Le Moi est le nœud de la force. Sans le moi, l’homme est une faible créature, qui n’a rien pour elle-même ni pour les autres. Sans un moi puissant, l’homme ne peut rien. La foule des hommes n’est que faible : et leur égoïsme confesse leur faiblesse.

Ils n’ont que de petits intérêts ; et il est naturel que ce soit uniquement les leurs. Ils ne sont capables que d’un très pauvre amour ; — et c’est celui-là qui est l’amour-propre. Ils ne sont pas égoïstes, parce que leur moi est grand ; mais il faut dire que leur moi est tout égoïste, à cause que leur moi est petit. Si l’égoïste était celui dont