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salut est en vous. Il ne vous reste qu’à ranger votre vie à des principes que vous éprouvez vrais. Si vous balancez, la sottise est plus forte en vous que la faiblesse, ou la lâcheté. Votre bonne volonté n’est pas si en défaut que votre intelligence. Vous êtes malade d’esprit, avant toute autre infirmité. Guérissez-vous d’abord de votre complaisance pour vos maladies. Car la vie, que vous n’osez quitter, elle est affreuse et désespérée pour vous-même, autant que détestable en ses conséquences. Vous le savez bien : vous ne seriez pas homme, si vous l’ignoriez. Mais vous connaissez votre mal ; et la connaissance de la vérité, qui en est le remède, vous en purge, pour peu que vous ouvriez les yeux.

Pourquoi n’a-t-on pas la vue meilleure, pour voir la vérité ? Pourquoi n’en a-t-on même pas le désir sincère ? — Voilà une question obscure. Tolstoï tend bien plus à rendre la société responsable de cet aveuglement que chaque membre en particulier. Presque toujours, ceux qui font grand crédit à la raison, ont un jugement optimiste de l’homme et de la nature. Ils ne les ont pas en aussi profond mépris qu’ils méritent, et qu’il le faudrait. Quel étrange chrétien semblerait Tolstoï au moine de