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lence est le signe de la force, et la nature humaine le veut ainsi, quand même je ne le veux point. Or, rien ne vaut, qui ne vaille par sa force. Tolstoï en est la preuve vivante. Cette vie incomparable est celle d’un violent. Qu’il en convienne : c’est en violent qu’il combat la violence. Entre celui qu’il veut être et l’homme qu’il est, il y a cette différence émouvante, que l’homme humble et doux qu’il veut faire de soi, n’eût jamais voulu, ni même pensé, à dépouiller entièrement sa nature. Il fallait donc ce violent, ce pécheur, pour rêver d’une vie sans péché. Et voilà pourquoi il n’est point de plus grave difficulté à la doctrine de Tolstoï que Tolstoï même.


IX
QUE TOLSTOÏ N’EST MYSTIQUE EN RIEN


S’il y avait quelque mysticisme en Tolstoï, ce serait celui de la raison. Il s’en rapporte volontiers à des lumières naturelles, pour éclairer l’homme et lui montrer la vérité. La foi qu’il a, au pouvoir du bon sens et à la raison non corrompue, on peut l’appeler mystique. Il croit qu’un esprit