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lent, pour prendre sur soi de tendre l’autre joue au second soufflet.

Quiconque raisonne de la violence, sans réfléchir à la nature de l’homme, n’a pas de peine à la noircir, et à la prouver absurde. Il est absurde, en effet, de faire le mal, surtout sous prétexte du bien : ce qui est le cas de la guerre et des révolutions. Mais il n’est absurde que s’il est possible de faire autrement. La nature humaine, seule, est juge de ses moyens. Or, le fait est que la violence est un signe de la force. Les actes de l’homme ne se calculent pas à la machine arithmétique. Ce ne sont point des raisons multipliées les unes par les autres qui déterminent les actions. L’homme n’est pas uniquement raisonnable. Il serait, plutôt, uniquement le contraire, parfois. Souvent, des droits qui se multiplient ont pour résultat de terribles injustices : voilà des opérations que la mathématique ne connaît pas.

Je vois bien que la faiblesse, la corruption, la lâcheté, et les états les plus infirmes de l’être humain, prennent, à l’occasion, les dehors de la violence. Mais quoi ? — c’est un masque qu’ils se mettent, — et celui précisément de la force. Par-