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Tolstoï avait appris qu’il ne fallait point compter qu’il fît jamais un moujik véritable de lui-même. Il savait, en outre, que ce paysan n’est point du tout l’homme parfait. Il ne doutait plus qu’aucun homme, de quelque classe qu’il fût, ne gagnât rien à être d’une autre classe qu’il n’est, — en l’admettant possible. Il en conclut qu’il fallait chercher une condition nouvelle, propre aux uns et aux autres. Or, ayant connu que le bien seul est commun et nécessaire à tous, — comme étant la condition du bonheur et sa fin même, — il trouva que si l’homme veut répondre à ces deux nécessités de son être, s’il veut être à la fois heureux et juste, il ne lui reste que l’issue unique de mener une vie chrétienne.

Les nombreux portraits qu’on a de Tolstoï reflètent exactement les époques de sa vie morale[1]. On en a de l’âge de 30 ans à celui de 70.

  1. Les plus caractéristiques sont : 1o Celui de 1856, où il est dans une compagnie d’auteurs, parmi lesquels Tourguénew, Ostrowsky, et Gontcharow. Tolstoï est debout, en uniforme, le visage rasé. C’est le seul portrait de sa jeunesse, où il retienne l’attention. La figure n’est pas belle ; mais un air sombre, en partie voulu, et comme décidé à n’être point confondu avec les autres.