Page:Suarès - Tolstoï.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’homme plein, comme il est tout volonté, tout acte et toute passion, veut jouir de sa vie, de ce qu’il a, de ce qu’il n’a pas, de ce qu’il craint. L’enfant n’est plus heureux, que parce qu’il est à peine. Qu’est un enfant ? Quasi rien. — Alors, je dis à Tolstoï : « Dans le fond, votre Évangile, à fin de nous rendre heureux, veut que nous soyons enfants, — pour être à peine. Mais il s’y cache une autre pensée, et la tristesse, selon mon goût, s’en étend à toute chose : Le vrai bonheur, pour l’homme, est de n’être point. L’idéal de la vie, — s’il n’est pas le non-être, difficile à concevoir, ou absurde, pour qui est — est, du moins, une mort paisible : un ruisseau qui coule, sans quitter un sable uni, — et s’y perd lentement. »

Une profonde horreur flotte parfois sur un calme rêve.


III


SI TOLSTOÏ EST CHRÉTIEN


Les Églises, nées du christianisme, ne sont pas toujours chrétiennes, car elles ont besoin de compter avec le monde, comme avec Dieu. Il