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les ondes, mais ne les sépare point. Il n’est pas moins ce qu’il doit être à sa source, qu’en son delta d’épais limon, où il s’attarde, avant de finir par mille bouches, riches en villes et en maisons pour le séjour des hommes. À la manière d’un temple, ou d’un drame parfait, cette vie admirable s’embrasse d’un seul regard, où tous les détails et toutes les proportions s’équilibrent dans un calcul unique. Qu’une telle vie adopte ou répudie l’Art, elle en est elle-même un chef-d’œuvre ; et sa candeur apparente n’est qu’une grâce de plus, où l’Artiste divin a mis sa marque. La pensée, que n’entrave plus le lien des apparences, retrouve la même vérité, où l’illusion de l’univers est suspendue : tel un pendule oscille d’un bord du rêve à l’autre bord : et ce point fixe est, qu’en toute chose, qui compte pour l’homme, — dans la grandeur de la volonté, dans la force du fait, dans le sacrifice des saints, — toujours l’Art préside à son œuvre, et la contemple.

Les plus beaux monuments de l’art, comme les plus belles vies, ne se font pas toujours en vue de l’art même. Ici, l’on peut voir un rapport admirable de l’art avec l’action. Ces chefs-d’œuvre de