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comme l’herbe au soleil ; et leur vue passe toute science.

« Ma grandeur, dit ce héros, ira jusqu’aux étoiles ; mais elle n’ira pas jusqu’au bonheur. Je verrai Dieu, peut-être ; mais, comme Moïse a vu les jardins de Chanaan : — du sein de sa propre mort, et sans mettre le pied sur la terre promise. Je serai grand. Et toujours triste.

« Mais la créature innocente vivra dans le cœur de Dieu, sans peine, et en riant. Toutes les bénédictions sont pour les doux. C’est à eux que vont les béatitudes. Heureux les pacifiques, est-il dit : la paix est douce. Heureux les pauvres d’esprit : ils ont la douceur, étant sans vanité. Heureux les affligés : s’ils souffrent, c’est qu’ils sont doux. Heureux les débonnaires : la douceur est en eux, au lieu de l’intérêt. Heureux les miséricordieux : le pardon est doux. Heureux les affamés du juste ; heureux les persécutés pour la justice ; heureux les purs : toute leur force vient de leur douceur ; heureux donc seuls les doux. »



Ainsi les grands violents, sans cesser de l’être, mettent toute leur violence, à la fin, dans l’admi-