Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/246

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ils ne me feront donc pas honte de ce que je suis. Je les envie de ne pas l’être ; mais ils en seront là, quelque jour, et dans leurs petits-fils, sinon dès eux-mêmes. J’envie, oui, leur contentement et cette paix abjecte ; mais je l’envie encore plus aux pierres, si tant est qu’il n’y ait point de vie en elles ; et s’il y en a quelqu’une, j’envie l’état de ce qui dort absolument, n’espère pas ni ne désespère. Je ne puis même pas rougir d’être comme je suis ; pourtant, je le paie assez cher.

Heureux ils sont, de se croire hommes, sur la foi des livres. Oxygène plus hydrogène, voilà ce qui les contente ; voilà qui leur nourrit le cœur. Il ne leur faut que trois lettres, O + HO. Et, la plupart, leur nom, cité dans les journaux, les console. Pièces de toute sorte, on les joue sur toute sorte de théâtres ; ils font recette ;