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vu l'image de celui qui vivait et ne vit plus.

Ha, rien ne lave le cœur du sanglant chagrin que la mort y verse. Rien ne rend le calme ni la candeur de son repos à l'âme dévastée. Tandis que j’étais nu dans le bain, je n’ai eu de répit qu’un moment, l’espace d’un oubli et d’un rêve. Une autre source s’ouvre au fond de moi ; le flot qu’elle épanche altère la fraîcheur du ruisseau ; et c’en est fait : la nappe souterraine monte d’un jet jusqu’à la surface froide, en une gerbe de larmes brûlantes.