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Comme elles sont fermes sur leurs assises, ces pierres pensantes… Comme elles ont raison avec outrage… Leur charité est du mépris. Mais la souffrance n’y prend pas garde : elle n’y touche que par les pieds, qu’elle traîne sur le chemin, et se les laisse déchirer ; elle ne dédaigne même pas les morsures qui lui sont faites.

Sagesse empestée de ces pierres arrogantes : elles se vantent d’être sans cœur au lieu de s’en féliciter modestement et d’un avantage, que le hasard seul a fait. Entre ces pierres aux pensers insolents, j’en vois de très hautes : mais pas une n’est grande. Elles sont si vaines de leur ombre au soleil, — une ombre sans fraîcheur pour le pèlerin harassé. Point de grandeur, sinon humaine. Ces cailloux n’ont rien d’humain.