LES ÉTRANGERS
��I. Sur le rivage, où nul homme d'une autre race n'avait ab^rdi jusqu'alors, — la mer jcia des navires en épaves, et de misérables in- connus. Au nom du Dieu Sauveur
On les recueillit, non sans débats, après en avoir égorgé quel- ques-uns, et mis dans les chaînes beaucoup d'autres.
Mais sur le billot leur sang avait jailli, pareil au sang de ceiu qui le firent couler,
Pareil même au ^ng du bourreau qui maniait la hache.
Et, dans les fers, ces malheureux ne parurent pas dilTérer en rien de leurs maîtres, sinon qu'ils les servaient,
Et qu'ils en eussent, peut-être, été servis, si la mer l'avait voulu.
De la sorte, après une tempête, le calme rigoureui et fatal de la vie s'étendit, confondus, sur les étrangers et sur leurs hôtes.
II. Puis, d'autres hommes, semblables aux premiers, vinrent dans le pajrs, qu'on ne soumit ni à la mort, ni i l'esclavage.
El même, comme on sut qu'un grand nombre avait été jadis
Dispersé par l'antique orage sur l'océan uimuttueux, et dans les Iles lointaines.
On les fit inviter par leurs frires k ne plus craindre.
On les persuada de venir ; et on leur proposa l'hospitalité.
On les avait vus laborieux et paisibles, -^ sinon humbles, humi- liés, — et d'un an ingénieux.
Et, quoiqu'ils parussent d'une laideur étrange, n'étant pas l'ac- coutumée, — le peuple, sans les aimer, prenait plaisir k les tolérer dans ses villes, comme au spectacle de sa propre générosité.
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