Ville, si tu savais… Mais, même saurais tu, ha, il est trop tard.
La force cuirassée va sonner le milieu de ta nuit, à l’horloge de la trahison, sur un timbre de bronze… Et l’incendie, le sang, le désastre hurlant seront l’écho de cette voix.
IV. Cette folle ville, pleine de rires et de danses, elle va connaître le repos.
La ville, où la dispute est perpétuelle, va rentrer dans le lit de la concorde.
Ils savent quel il est, ce lit de la paix couchée, ceux qui y sont étendus côte à côte, dans les draps tirés de la terre, depuis tant de siècles, ceux qui dorment aux portes de la Cité.
V. L’Horizon de la Mort es fermé… O marche sûre des montres, pouls du temps impassible… L’Heure noire va tomber du Zénith, dans cette tiède nuit sans lune. Les servans sont à leurs pièces. Et les grands Canons, encore froids, jouissent déjà de la pâture qu’on leur monte, les boulets et les obus. Et les bombes. Ils ont faim, les Canons.
Les Grands Canons sont efflamés : les Grands Sphinx de la Guerre, accroupis et brillans sur leurs flancs d’acier, tendent ces gueules profondes qui mangent les villes, et ne son ! pas repues d’un moindre mets.
Sur les boulevards de fer, au creux des masques et des tourelles, sur les plaques qui tournent, les Grands Sphinx, obéissant à l’étincelle électrique, frissonnent dans l’attente. Et les Hommes frémissent de la même implacabilité.
VI. La mer amoureuse caresse les Léviathans blindés… Elle mur- mure et soupire sur leurs flancs…
Les étoiles lointaines rêvent tristement… Elles semblent, sus- pendues, s’être arrêtées sur les cimetières, aux portes de ls ville…
Et comme l’heure va sonner, l’âme des Canons exbale, par les Gueules encore vides, un Chant à la Gloire Funèbre :