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CEUX DE VERDUN

Et votre séjour dans la mort est une œuvre d’amour.


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La douceur est dans votre cœur, la pitié dans votre sève.

Mais il faut que vous soyez de roc contre la barbarie, l’impure et formidable femelle,

Qui sans fin déraisonne en raisonnant.

Déjà vous êtes au septième mois. Et roidis, tout nerfs, tout muscles, vous n’avez plus de chair ni de peau :

Vous êtes les écorchés sublimes du sacrifice.

Rouges et cuits dans votre sang, de la tête aux pieds,

Brûlés de votre passion, vêtus de votre peine volontaire et de calme tristesse,

Il vous arrive encore de chanter,

Parce que la chanson est la plume de la flèche : le rire moqueur est le merle qui siffle dans la balle ;

Mais la plus sombre résolution barde votre âme :

Plein d’enfants, d’images chéries et de femmes,