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tant de force dans ses combats contre les bêtes du cirque, qu’il perçait un éléphant d’outre en outre avec sa lance, qu’il plantait son javelot dans la corne d’un oryx, et qu’il tua du premier coup plusieurs milliers d’animaux énormes. On le vit très souvent, tant son impudence était grande, boire publiquement et en plein théâtre, habillé en femme.

Pendant qu’il vivait ainsi, ses lieutenants soumirent les Maures, vainquirent les Daces, pacifièrent les Pannonies, et firent reconnaître son pouvoir dans la Bretagne, dans la Germanie et dans la Dacie, provinces qui voulaient s’y soustraire. Tout cela fut l’œuvre de ses généraux.

Commode était si lent et si paresseux à signer, qu’il décidait souvent par le même décret plusieurs affaires différentes. Dans la plupart de ses lettres il n’employait que la formule de salut. Tout s’expédiait par d’autres, qui faisaient, dit-on, leur profit des condamnations.

XIV.

Cette négligence, en permettant à ceux qui gouvernaient alors la république de dissiper les approvisionnements, causa une grande disette à Rome, quoique le blé ne manquât pas. Il est vrai pourtant que l’empereur fit ensuite mourir les auteurs de ce désordre, et confisqua leurs biens. Pour lui, assimilant, sous le nom de Commodien, son siècle au siècle d’or, il diminua le prix des vivres ; ce qui ne fit qu’augmenter la disette. Beaucoup de citoyens furent obligés, sous son règne, de racheter leur vie et celle de leurs parents. Il vendit les divers genres de supplices, les sépultures, l’impunité des crimes, et il sacrifia les citoyens les uns aux autres. Il vendit même les provinces et les gouvernements, partageant le prix de la vente avec ceux qui la faisaient. Il vendit à quelques-uns la vie de leurs ennemis. Ses affranchis vendirent la décision des procès. Il ne supporta pas longtemps les préfets Paternus et Pérennis, et de tous ceux à qui il donna ces fonctions, aucun ne les garda trois ans : ils périrent presque tous par le glaive ou par le poison. Il changeait aussi facilement les préfets de la ville.

XV.

Il n’hésita pas à tuer successivement tous les officiers de sa chambre, quoiqu’il n’eût jamais d’autre règle que leur volonté. Son chambellan Eclectus, voyant avec quelle facilité il faisait périr ceux qui étaient attachés au service de sa personne, prévint ses coups, et entra dans un complot contre sa vie. Comme simple spectateur, Commode se montrait dans le cirque avec les armes des gladiateurs, et un petit manteau de pourpre jeté sur ses épaules nues. Il avait aussi l’habitude, comme le prouvent les écrits de Marius Maximus, de faire inscrire dans les actes de Rome tout ce qu’il faisait de honteux, d’impur, de cruel, en un mot toutes ses prouesses de gladiateur ou de débauché. Il appela Commodien le peuple romain, devant lequel il combattit très souvent dans l’arène. La multitude, tant de fois témoin de ses combats, l’ayant, un jour, applaudi comme un dieu, il prit ces éloges pour une raillerie, et commanda aux soldats de la flotte, qui étaient chargés de tendre les voiles sur l’amphithéâtre, de la massacrer pendant le spectacle. Il avait ordonné aussi d’incendier Rome, comme étant sa colonie ; et l’ordre eût été exécuté, si le préfet du prétoire,