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fils Vérus César, âgé de sept ans, et à qui l’on avait ouvert un abcès sous l’oreille. Il ne donna que cinq jours de deuil à cette mort, consola lui-même les médecins, et reprit le cours des affaires d’État. Comme c’était l’époque des grands jeux de Jupiter Capitolin, il ne voulut pas les interrompre par un deuil public, et il se contenta d’ordonner que des statues seraient érigées à Vérus, que son image en or serait portée avec pompe dans les fêtes du cirque, et son nom inséré dans les hymnes des Saliens.

La peste continuant ses ravages, il rétablit soigneusement le culte des dieux, et il exerca au maniement des armes, ainsi qu’on l’avait fait pendant la guerre punique, des esclaves qu’il nomma volontaires, à l’exemple des Volons. Il arma aussi les gladiateurs, qui furent appelés Obséquents. Il enrôla même les brigands de la Dalmatie et de la Dardanie. Il enrôla jusqu’aux Diocmites, et il acheta chez les Germains des auxiliaires contre les Germains eux-mêmes. Enfin il prépara ses légions avec toute la diligence possible pour la guerre contre les Germains et les Marcomans. Craignant d’être à charge aux provinces, il fit vendre à l’enchère, dans le forum de Trajan, comme nous l’avons dit, une partie du mobilier impérial, des vêtements, des coupes, des vases d’or, et même les statues et les tableaux des plus fameux artistes. Il extermina les Marcomans au passage du Danube, et distribua aux provinces le butin qu’il fit sur eux.

XXII.

Tous les peuples, depuis les frontières de l’Illyrie jusqu’à la Gaule, s’étaient levés ensemble, comme les Marcomans, les Narisques, les Hermundures, les Quades, les Suèves, les Sarmates, les Latringes et les Bures. Ceux-ci et d’autres encore, tels que les Sosibes, les Sicobotes, les Rhoxolans, les Bastarnes, les Mains, les Peucins, les Costoboces, s’étaient joints aux Victovales. Nous avions, en outre, à craindre la guerre avec les Parthes et avec les Bretons. Ce fut donc avec des peines infinies qu’il vint à bout de ces nations barbares. Les soldats s’animaient mutuellement, ayant à leur tête les lieutenants de l’empereur et les préfets du prétoire. Il accepta la soumission des Marcomans, et il en fit passer un grand nombre en Italie. Avant que de rien entreprendre, il consultait toujours ses lieutenants sur les affaires militaires et même sur les affaires civiles. Sa maxime favorite était celle-ci : « Il est plus juste que je suive les avis de tant d’amis éclairés, que de prétendre qu’ils suivent le mien. » Sa sévérité, que l’on attribuait à l’étude de la philosophie, faisait censurer avec force ses expéditions militaires et toute sa conduite. Mais il répondait à ces reproches ou de vive voix ou par écrit. Beaucoup d’illustres citoyens périrent dans la guerre contre les Germains, contre les Marcomans ou contre d’autres nations. Il leur fit ériger à tous des statues, dans le forum de Trajan. Touchés de ces pertes, ses amis le pressèrent souvent de renoncer à ses expéditions et de retourner àRome. Mais il méprisa ces conseils, continua la guerre, et ne se retira que lorsqu’elle fut entièrement finie. Il changea les provinces proconsulaires en consulaires, et celles-ci en proconsulaires ou en prétoriennes, suivant les nécessités de la guerre. Il comprima par sa vigueur et son autorité les troubles survenus chez les Séquanes. Il