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ou Césars ou Augustes ou princes, et que l’adoption a fait entrer dans la famille impériale, ou qui, étant les fils ou les parents des empereurs, ont porté le nom de Césars.


ANTONIN LE PIEUX,

PAR JULES CAPITOLIN.

A L’EMPEREUR DIOCLÉTIEN.

SOMMAIRE.

I. Origine et famille d’Antonin le Pieux. — II. Sou portrait, Ses qualités. Raisons qui lui firent donner le surnom de Pieux. Adrien lui confie l’administration d’une partie de l’Italie. — HI. Des présages lui annoncent son avénement à l’empire. Déréglements de sa femme. Il est appelé aux conseils d’Adrien. — IV. Son adoplion par ce prince. Son désintéressement. — V. Son respect pour la mémoire d’Adrien. Ses guerres et ses succès. — VI. Sa modéralion. Sa bonté. Son respect pour le sénat. Mort de sa femme Faustine, qui est déifiée. Sa déférence pour ses amis. — VII. Douceur de son gouvernement. Sa manière de vivre. Jl n’encourage que les travaux utiles. Il diminue les dépenses occasionnées

par le faste impérial. — VIIL. Ses libéralités. Ses ou-

vrages. Ses préfets du prétoire. Il ne fait mettre à mort aucun sénaleur. — IX. Événements désastreux qui signalérent son régne. Sa conduile envers les rois alliés de Rome. — X. 1l dogne Apollonius pour gouverneur à Marc Antonin. Ses jeux. — Xf. Sa conduite envers ses amis. Ses plaisirs. Ses habitudes. La douceur de son caractére. — XII. I1 améliore la jurisprudence. Ses réglements. Sa maladie. Sa mort. Son testament. — XIII. Son portrait. Son apothéose. Sa ressemblance avec Numa.


I.

Titus Aurélius Fulvius Boionius Antonin le Pieux était, du côté de son père, originaire de la ville de Nîmes dans la Gaule Transalpine. Il eut pour aïeul Titus Aurélius Fulvius, qui, après avoir passé par différentes magistratures, fut deux fois consul, et enfin préfet de Rome ; pour père, Aurélius Fulvius, qui fut aussi consul, homme intègre et de mœurs pures ; pour aïeule maternelle, Boionia Procilla ; pour mère, Arria Fadilla ; pour grand-père du côté de sa mère, Arrius Antonin, deux fois consul, homme irréprochable, et qui plaignit Nerva d’occuper le trône ; pour sœur utérine, Julia Fadilla ; pour beau-père, par un second mariage de sa mère, Julius Lupus, personnage consulaire ; pour femme, Annia Faustina, fille d’Annius Vérus. Il eut deux fils et deux filles. L’aînée de celles-ci lui donna pour gendre Lamia Syllanus, et la plus jeune, Marc Antonin.

Antonin le Pieux naquit dans une maison de campagne près de Lanuvium, le treize des calendes d’octobre, sous le douzième consulat de Domitien et le premier de Cornélius Dolabella. Il fut élevé à Lauris, sur la voie Aurélienne, et il y bâtit, dans la suite, un palais dont on voit encore aujourd’hui les restes. Il passa son enfance avec son grand-père maternel, puis avec son aïeul paternel, et il aima religieusement toute sa famille ; aussi ses cousins, le mari de sa mère et la plupart de ses parents, lui laissèrent-ils leur héritage.

II.

Il avait une beauté remarquable, l’esprit brillant, des goûts modérés, beaucoup de noblesse dans le visage et d’aménité dans le caractère, une éloquence peu commune, de belles connaissances en littérature. Il était singulièrement sobre, protecteur éclairé de l’agriculture, bon, libéral, point envieux du bien d’autrui, et tout cela avec mesure et sans ostentation. C’était, en un mot, un prince accompli, et qui, de l’avis de tous les gens de bien, mérite d’être comparé à Numa Pompilius. Il reçut du sénat le surnom de Pieux, soit parce qu’un jour, en présence de cette