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dont la plupart étaient originaires de l’Etrurie ou de Faventia, étaient de la plus haute noblesse. Nous parlerons de sa famille avec plus de détail dans la vie de son fils Lucius Aurélius Céjonius Commode Vérus Antonin, que l’empereur de ce dernier nom eut ordre d’adopter. On doit, en effet, trouver, dans un livre consacré à l’histoire de ce prince, dont il y a beaucoup de choses à dire, tout ce qui concerne sa généalogie.

III.

Elius Vérus fut donc adopté par Adrien dans le temps où, comme il a été dit plus haut, l’affaiblissement de sa santé le fit naturellement penser à se choisir un successeur. Il fut d’abord nommé préteur, puis donné, comme général et comme gouverneur, aux Pannonies, et créé bientôt consul. Destiné à l’empire, il fut désigné pour un second consulat. L’empereur, pour célébrer cette adoption, donna un congiaire au peuple, trois cents millions de sesterces aux soldats, et des jeux dans le cirque. Rien ne fut oublié de ce qui pouvait prolonger la joie publique. Vérus avait tant de pouvoir sur l’esprit d’Adrien, qu’outre les témoignages d’affection qu’il en recevait comme son fils adoptif, il était le seul qui en obtînt, même par lettres, tout ce qu’il demandait. Il sut se rendre utile dans la province qui lui fut confiée, et ses succès militaires, ou plutôt son bonheur, lui acquirent, sinon la réputation d’un grand capitaine, au moins celle d’un bon officier.

Mais il avait une si faible santé, qu’Adrien se repentit bientôt de l’avoir adopté, et songea souvent à en faire entrer d’autres, à sa place, dans lu famille impériale ; ce qu’il eût sans doute exécuté s’il eût vécu. Ceux qui ont écrit avec quelque soin la vie d’Adrien rapportent que ce prince connaissait l’horoscope de Vérus, et lui trouvait peu d’aptitude au gouvernement de la république ; mais qu’il l’adopta pour satisfaire sa passion, et, ajoutent quelques auteurs, pour tenir le serment qu’il lui en avait fait dans le secret. Marius Maximus dit en effet, pour montrer les connaissances d’Adrien en astrologie, qu’il savait si bien tout ce qui le regardait lui même, qu’il avait écrit d’avance l’histoire des futurs événements de sa vie, jusqu’à l’heure de sa mort.

IV.

On sait que l’empereur disait souvent, en parlant de Vérus : Cette fleur d’une tige en héros si féconde, Les destins ne feront que la montrer au monde.

Un jour qu’il répétait ces vers en se promenant dans un jardin, un des savants dont il affectait de rechercher la société voulut continuer la citation, et ajouta : Dieux, vous auriez été trop jaloux des Romains, Si ce don précieux fût resté dans leurs mains !

Adrien, dit-on, répliqua : « Ces vers ne sont pas applicables à Vérus » ; et il reprit : Ah ! souffrez que j’arrose Son tombeau de mes pleurs. Que le lis, que la rose, Trop stérile tribut d’un inutile deuil, Pleuvent à pleines mains sur son triste cercueil ; Et qu’il reçoive au moins ces offrandes légères, Brillantes comme lui, comme lui passagères.