sénat un discours de l’empereur ayant excité les rires de l’assemblée, il étudia avec ardeur la langue latine, et il finit par y acquérir autant de savoir que d’éloquence. Après sa questure, il fut chargé de la rédaction des actes du sénat, et, devenu le familier de Trajan, il le suivit à la guerre contre les Daces, pendant laquelle il avoue que, pour flatter les goûts du prince, en feignant de les partager, il s’adonna au vin ; complaisance qui lui valut de riches présents. Il fut fait tribun du peuple sous le second consulat de Candidus et de Quadratus, et il nous dit avoir eu, pendant cette magistrature, le présage d’un tribunat perpétuel, en ce qu’il perdit le manteau que portaient les tribuns en temps de pluie, et dont les empereurs ne se servaient jamais : aussi, de nos jours, se distinguent-ils encore par là de ceux qui viennent les saluer le matin. Trajan l’emmena avec lui dans sa seconde expédition contre les Daces, et le mit à la tête de la première légion Minervine. Adrien se signala dans cette guerre par un grand nombre d’actions d’éclat, dont l’empereur le récompensa en lui donnant le diamant qu’il avait lui-même reçu de Nerva ; présent qui lui fit espérer de succéder à ce prince. Il fut fait préteur sous le second consulat de Sura et de Servien, et il reçut de Trajan quarante mille pièces d’or, pour donner des jeux. Envoyé ensuite dans la basse Pannonie comme lieutenant de l’empereur, il repoussa les Sarmates, maintint dans son armée la discipline militaire, et réprima les prétentions et l’audace des administrateurs impériaux. Cette conduite lui fit obtenir le consulat. Il apprit alors de Sura que Trajan songeait à l’adopter, et dès ce moment les amis du prince cessèrent de le négliger et de lui témoigner du mépris. La mort de Sura ne fit même qu’augmenter son crédit auprès de l’empereur, auquel il se rendit, à son tour, nécessaire, en composant ses discours.
IV.
Il fit servir aussi à son avancement la faveur de Plotine, dont le zèle le fit nommer lieutenant du prince dans la guerre contre les Parthes. Il avait alors pour amis, dans l’ordre des sénateurs, Sosius Pappus et Plétorius Népos, et, dans l’ordre des chevaliers, Tatien, autrefois son tuteur, et Livianus Turbon. L’espérance qu’il avait conçue d’être adopté par Trajan se confirma plus que jamais par la disgrâce de Palma et de Celsus, qui avaient toujours été ses ennemis, et qu’il persécuta ensuite à son tour, quand ils furent devenus suspects d’aspirer au trône. Son second consulat, qu’il obtint par la protection de Plotine, acheva de lui faire regarder son adoption comme certaine. Bien des raisons font penser qu’il profita de ses entrées à la cour pour gagner les affranchis de Trajan, et s’insinuer, par d’indignes complaisances, dans les bonnes grâces de ses mignons.
Le cinquième jour des ides d’août, il reçut en Syrie, où il servait comme lieutenant, ses lettres d’adoption, et il voulut que ce jour-là fût toujours consacré à célébrer l’anniversaire de cette faveur. Le troisième jour des mêmes ides, qui, d’après son ordre, fut aussi fêté désormais comme l’anniversaire de son avènement au trône, on lui apporta la nouvelle de la mort de l’empereur.
Une opinion assez générale veut que Trajan ait eu l’intention formelle, intention approuvée par la plupart de ses amis, de se donner pour successeur,