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d’idées préconçues, incapable de rien apprendre des événements, en un mot pénétré d’une conception immuable du régime et du gouvernement républicains sur laquelle ni les événements ni les hommes ne pouvaient avoir prise. Il faut convenir que la réserve un peu sévère qu’il a prise au foyer paternel, ses habitudes de travail, son goût pour la vie d’intérieur, son admiration ouverte pour certains hommes de la première révolution, la simplicité de ses mœurs, sa froideur apparente et sa parole incisive, motivaient dans une mesure cette manière de le juger. On se trompait pourtant, ou, du moins, un tout autre homme se révéla dès l’Assemblée de Bordeaux. Qu’on examine sa conduite, qu’on relise ses discours, qu’on reprenne ses propositions, qu’on relève ses votes depuis les jours de tristesse et d’abandon où la forme républicaine se trouvait en cause, jusqu’à ceux où la République devint le régime légal, régulier et définitif, on se trouvera en présence, non pas à coup sûr d’un sceptique sans opinions fixes et sans but déterminé, mais d’un politique avisé, qui, tout en n’abandonnant rien de ses convictions et de ses espérances, sait se prêter aux circonstances