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l’éloquence pleine de soleil et d’âpreté. L’autre… C’était l’autre qui l’avait attiré à Bourges.

Les générations qui se sont succédé dans cette ville depuis cinquante ans y ont constamment vu passer un compatriote qu’elles ont connu jeune, puis homme fait, puis vieillard, mais toujours le même, c’est-à-dire vêtu de noir, cravaté de blanc, portant des lunettes d’or ; maigre, pâle, fin et accentué, informé, compétent, d’une vive intelligence sous des apparences de froideur, austère et irréprochable ; tel était M. Louis-Adolphe Brisson. Ce vieillard, avoué près la cour de Bourges, est le père du président de la Chambre.

Les deux amis ne tardèrent pas à fonder sous ce titre, Revue mensuelle du Cher et de l’Indre, un organe de leurs opinions. Les journées de juillet arrivèrent. M. Brisson père était déjà avoué ; la Cour montait sur le siége un jour au bruit des premières nouvelles et des ordonnances et de la résistance de Paris ; le premier président prononça ces mots : « La Cour a deux arrêts à rendre… » — « Au nom de qui ? » s’écria maître Brisson. Ce mot si net, et qui pouvait le perdre, fut comme le signal de la révolution dans Bourges.