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deux belles routes qui conduisent l’une à Bayonne, l’autre à Perpignan ; partout, des vallons et des troupeaux ; plus loin, des terres où s’élèvent en épis de magnifiques moissons, et puis Axat, chef-lieu de canton, avec ses paysages les plus variés, ses eaux abondantes et limpides, ses grasses prairies, sa jolie promenade de peupliers et ses anciennes forges.

Peu après, le paysage change tout-à-coup : la vallée se resserre de nouveaux, et les gorges vraiment imposantes de St-Georges, sont là qui se dressent avec leurs montagnes gigantesques et ardues. On dirait vraiment qu’ici une épée immense a séparé deux rochers, tant les parois sont à pic et unies. Après cinq cents mètres dans l’ombre et la fraîcheur, on se retrouve heureux de revoir le soleil. L’horizon se découvre et tout devient si ravissant par les changements fréquents des tableaux, que l’on ne s’aperçoit point de la longueur de la route. C’est Ste-Colombe-sur-Guette, avec ses forges ; Roquefort-de-Sault, ancien chef-lieu de canton, et bientôt Le Bousquet et Escouloubre. À côté est l’établissement thermal de Carcanières, dans le département de l’Ariège.

Ce qui m’a le plus surpris, ce qui pour moi tient du prodige, c’est que, dans un pays si accidenté, l’on soit parvenu à construire les belles routes qui le sillonnent, comme aussi à creuser mille canaux pour l’établissement de tant d’usines, en allant parfois recueillir les eaux à plusieurs lieues de distance : on ne pouvait pas mieux faire, dans l’intérêt d’une population aussi déshéritée que l’était celle