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l’horizon, le pic imposant de Bugarach. Nulle fatique, car tout vous rappelle mille souvenirs historiques, les plus anciens et les plus palpitants d’intérêt. Là (à côté de Peyrolles), c’est un druide au regard sévère, qui vous apparaît à côté d’un menhir ; ailleurs, des armées de peuples divers qui franchissent tour à tour les Marches-d’Espagne pour envahir la Gaule, et, sur le flanc des montagnes, nos preux ancêtres qui leur disputent le passage. Séduit par tant d’attraits, j’ai de la peine à en croire mes yeux, lorsque je me vois à Rennes ; cependant je viens de franchir un espace de sept kilomètres, depuis Couiza ; et c’est au bruit d’une cascade d’eau fumante, qui se confond au brouhaha lointain d’un peuple dans la joie, que je sors de ma léthargie. Après avoir admiré les établissements de bains qui tous longent la route, je vais me confondre dans Rennes au milieu d’une foule qui souffre, qui joue, qui se promène, qui chante, qui danse ; et si je n’eusse vu un grand nombre de sujets d’Esculape, je me fusse cru transporté dans un Cirque-Olympique.

Rennes jouit à juste titre d’une réputation la plus ancienne et la plus étendue : les Romains, de même qu’à Alet, y avaient des thermes ; plusieurs têtes couronnées sont venues implorer le bienfait de ses eaux ; et l’on n’est plus étonné du grand renom de cette station balnéaire, lorsqu’on a vu, ici, trois sources thermales de 38 à 52 degrés, différentes de vertus, chacune avec son établissement ; là, des eaux ferrugineuse froides, et, plus loin, des eaux salines plus abondantes. L’on constate ici, tous les ans, des guérisons sans nombre de rhumathismes articulaires, de paralysies, de