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MERVEILLES

EXTASE

Je suis — chantait le Porteur de la Lyre et de l’Épée aux générations épuisées d’avoir eu tant de pères dans le péché — le Mage détenteur des ultimes secrets, qui ai cueilli les astres à l’Arbre de l’universelle Vie.

Et bien que, jaillissant des herbes sacrées dont le suc rend fou, mille serpents aux coruscantes squames d’or dardassent vers ma targe et ma cuirasse blasonnées du signe de la victoire leurs vibrantes langues d’azur.

Je fis fulgurer dans la lumière astrale la colère vindicative de mon glaive et je fis retentir sur les sept cordes l’Ode divine des dominateurs ; et par la mauvaise plaine siffla l’agonie des reptiles aux yeux de rubis.

Et j’empoignai la crinière de l’immémoriale Pécheresse qui gisait, la fleur rose de son sexe épanouie à la tentation, sous l’ombre étoilée de l’Arbre où veillaient, sans ailes ni chants, tous les ciseaux du Temps.

Domptée par mon poing de chaste chevalier, elle proféra vers les cieux, d’une voix jusqu’alors inouïe, la parole d’épouvante qui me révéla, tel