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devaient être si beaux qu’ils valaient les plus rares qualités. Je parlais théoriquement, bien entendu, car ces défauts, je ne les ai pas encore découverts. J’espère ardemment que vous en avez, ou je m’effondrerais de honte à vos pieds, me sentant indigne de votre perfection.

Bérénice est sur mon bureau et remue la queue, la patte et son petit nez pour me dire quelque chose. Bon, voilà qu’elle me demande de vous écrire de sa part. Je résume toutes mes connaissances du langage chat, j’écoute et je transcris. Or voici ce que vient de me dire Bérénice : « Patron au visage triste, je vois que tu penses à ma petite amie. Je ne sais pas comme toi salir du papier pour communiquer mes pensées. Permets moi d’ailleurs en passant de dire que ta saleté m’a toujours étonnée : je ne t’ai pas encore vu une seule fois cracher dans ta main pour la promener sur ta figure, ni lécher, comme il convient, ta poitrine ou tes doigts de pieds. Tu n’es qu’un sale dégoûtant. Mais cela n’est qu’une parenthèse, si j’ose m’exprimer en langage homme. Je veux que tu dises à mon amie au joli nom que je meurs de ne plus la voir et que mon caractère se gâte. Quant à mon estomac, peuh ! n’en parlons pas : le foie le plus succulent, le plus rouge, le plus fondant m’est une dégoûtation. Je n’ai plus l’accueil matinal de mon amie, ni la caresse légère