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en me conseillant de m’abstenir de fruits de mer à Marseille, car depuis son arrivée elle souffrait d’un « petit choléra » qu’elle attribuait à une ingestion inconsidérée d’oursins. Je pus, en somme, envoyer un excellent rapport à ses protecteurs désintéressés de Paris.

Si je relate cet incident de la vie de Charles-Louis Philippe, c’est pour montrer son excellent cœur et pour prouver à quel point ses livres furent composés sur le vif. Ah ! il ne fallait pas dire du mal du « p’tit m’sieu Philippe », dans l’Île Saint-Louis !

Après Bubu de Montparnasse parurent le Père Perdrix, Marie Donadieu et Croquignole. Philippe ne voulut jamais comprendre pourquoi ces trois livres, qui étaient, à son avis ses meilleurs titres au prix Goncourt, n’obtinrent pas le succès de Bubu. C’est, je le lui ai souvent dit, parce qu’il se mêla d’y faire du beau style. Il était admirable lorsqu’il consentait à écrire avec simplicité, selon sa nature. Mais il devenait détestable dès qu’il essayait de s’exprimer, oserais-je dire, à la façon de ces messieurs de Paris, comme un paysan qui s’engonce dans ses habits du dimanche.

Ce n’est pas à dire qu’on ne trouve pas, dans ces trois romans, de parfaits morceaux, mais tout n’y est pas fondu d’un jet, comme dans Bubu.